De ce voyage, je tire...

Publié le 24 Mai 2013

"Pour l’enfant, amoureux de cartes et d’estampes,

L’univers est égal à son vaste appétit.

Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le cœur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D’autres, l’horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d’une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n’être pas changés en bêtes, ils s’enivrent
D’espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir ; cœurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s’écartent,
Et sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là, dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu’un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l’esprit humain n’a jamais su le nom !

(...)

Étonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d’astres et d’éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l’ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d’horizons.

Dites, qu’avez-vous vu ?

(...)

(Charles Baudelaire)

De ce voyage, je tire le bilan.

D'une soif de connaître, de découverte et de rencontre, j'ai connu l'oasis. Et qu'elle fût douce l'eau de sa source! Elle laisse comme une trace indélébile sur le cœur. Certains l'appelleront nostalgie, je la nommerais souvenirs. Certes ce voyage est infini mais sa fin est proche et l'écriture génère l'infini.

De ce voyage, je tire le bilan.

Ce voyage aurait pu trouver sa source près d'un Mr Verne puisqu'il y a 80 jours qu'il débutait. D'étrangère absolue, Dublin est devenu mon quotidien. Et c'est là toute la magie de cette ville: les étrangers deviennent des amis. Des inconnus qui engagent la conversation pour apprendre à vous connaître entre les concombres et les poivrons, aux étudiants loin de leurs foyers en quête d'amitié, des rues où le monde tourbillonne aux trésors cachés. Ils sont tous devenus mes amis.

Dublin est certainement une femme au caractère changeant. Son climat côtier est surprenant pour une capitale. D'une averse de grêle au soleil printanier il n'y a que quelques instants. Dublin c'est une ville grise toute en couleurs. Sa beauté n'est pas évidente aux yeux des ignorants, elle se découvre à celui qui sait observer. Lorsque ce bienheureux est là, se découvrent des bijoux qui se doivent d'être préserver du regard malveillant des ignorants. Certes, elle n'est pas Paris, elle n'est pas Prague mais elle est autant de chaleur que toutes les villes réunies. Aux grincheux qui se plaindront de son climat, aux insensibles à son charme, je crie mon amour de Dublin. Ne regardez pas les trottoirs de vos villes, ouvrez les yeux et cherchez. Cherchez le détail qui saura vous émouvoir. Après ouvert la cage aux oiseaux, poussez poussez les portes pour en libérer les trésors. Dublin c'est une ambiance, une atmosphère. Paisible parfois, tumultueuse aux heures les plus tristes de son histoire, bouillante et vibrante, elle est passionante. Lorsqu'elle vous permet de la quitter pour découvrir ses environs, vous découvrez un endroit préservé et exceptionnel. Bretagne, Normandie et Nouvelle Zélande semblent s'être aimées pour créer cette île. L'Irlande est unique.

De ce voyage, je tire le bilan.

Dans 12 jours je serais revenue au pays. Le pays des crèpes, des galettes, du saucisson, du fromage, du jus de pamplemousse, des craquinettes ! Le pays de mon coeur puisque s'y trouvent toutes les personnes que j'aime. Mais en quittant Dublin, c'est une partie de ma vie que je laisse derrière moi. Je quitte une ville mais plus que tout je quitte des amis et des souvenirs. Et quels souvenirs...

De ce voyage, je tire le bilan.

Dans 12 jours, j'aurais quitter la bière, le vert, les irlandais, les amis, les colocs, l'école, le saumon, la musique, la danse, les paysages merveilleux, les musées. Mais je pars avec d'excellentes soirées, de parfaites rencontres, des enseignements passionnants, des voyages fabuleux, des retrouvailles chaleureuses avec les quelques courageux qui se sont aventurés jusqu'à moi. Je garde en mémoire ces soirées skype, assise sur mon lit, à me tuer le dos et les fesses par les ressorts du matelas. Je me souviendrais du froid de l'appartement, du rideau de la douche qui colle, de la cuisine française qui me manqua terriblement, des brownies, des chocolats chauds, du mystère Matthew, des demandes en mariage, des housses de couette capricieuses, du moteur de la douche, des portes qui grincent, de ma fenêtre qui ne s'ouvre pas. Quand j'y repense, je souris. Et surtout, je comprends. Je comprends que ça se termine sur le meilleur. Que cette période était parfaite. Que c'est fini. Que c'est bien ainsi.

De ce voyage, je tire le bilan.

Dans 12 jours, je retrouve tout le monde, amis et famille. J'ai hâte de vous retrouver tous. Les retrouvailles vont encore une fois être riche en émotions. Puisque dans 12 jours je m'ouvre à de nouvelles aventures, à de nouveaux souvenirs. Grâce à cette expérience, je sais que le voyage c'est désormais comme un ami qui ne m'abandonnera pas.

De ce voyage, j'ai tiré le bilan.

Rédigé par Cécile

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